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2. Les maladies auto-immunes sont sexistes



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Si certaines maladies auto-immunes sont aussi fréquentes chez les hommes que chez les femmes, 80% des maladies auto-immunes se révèlent être davantage présentes chez les femmes.


Pourquoi cette prépondérance de maladies auto-immunes, chez les femmes ?


Maladies auto-immunes chez les femmes : la piste hormonale

Une équipe de chercheurs de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris s’est interrogée sur cette disproportion femmes/hommes dans les maladies auto-immunes et a identifié une raison qui pourrait l'expliquer. L'équipe s'est intéressée à une protéine, l’AIRE (AutoImmune REgulator), présente dans le thymus et dont le taux est inférieur chez la femme par rapport à l’homme. Cette protéine module le taux d’antigène du soi nommé TSA (Tumor-specific-antigens). Les TSA jouent un rôle primordial dans la régulation de l’activation des lymphocytes T, puisque c’est à leur contact que les lymphocytes T vont apprendre à reconnaître les cellules de l’organisme et pouvoir les différencier des agents extérieurs. Les lymphocytes T étant sélectionnés sur leur aptitude à reconnaître les antigènes du soi, on peut supposer que moins il y aura d’AIRE dans le thymus, moins il y aura de TSA, ce qui entraînerait une défaillance dans l’apprentissage des lymphocytes T. Ce processus pourrait conduire les lymphocytes T sortant, à attaquer des cellules qu’ils ne seraient pas capables d’identifier comme faisant partie de l’organisme et induire, ainsi, des maladies auto-immunes.


Après analyse de cultures de cellules humaines, l'équipe en question a découvert que l’œstrogène, hormone sexuelle féminine, agit sur la diminution de la quantité de protéine AIRE au sein même des cellules thymiques, en modifiant une zone clé de leur ADN, la zone appelée "promoteur". Chez la femme, l’expression de la protéine AIRE se trouve inhibée par la production d’œstrogène, dès la puberté.


Maladies auto-immunes chez les femmes: la piste génétique

La piste précédente n'est pas la seule invoquée par les chercheurs.

Des chercheurs de l’Université de Michigan ont mis en évidence un facteur génétique qui pourrait, également, être en cause et expliquer l’inégalité femmes/hommes face aux maladies auto-immunes. Dans le cadre de leurs travaux, ces chercheurs se sont intéressés à deux maladies auto-immunes de la peau, le lupus et le vitiligo. En ce sens, ils ont étudié l'expression des gènes dans la peau de sujets sains, à partir d'échantillons de biopsie cutanée de 31 femmes et 51 hommes. Selon les chercheurs "des différences frappantes dans l'expression des gènes entre les femmes et les hommes" ont été trouvées. La cause de cette différence, le gène VGLL3, régulateur clé du réseau immunitaire. Ce gène favoriserait l'immunité chez les femmes. Il est à préciser que ces mêmes chercheurs n'ont trouvé aucune preuve de l'implication de l'oestrogène, la voie inflammatoire impliquant le VGLL3 n'étant pas hormonalement réglementée.


Maladies auto-immunes chez les femmes : les pistes épigénétiques

Les gènes ne sont pas seuls en cause, car dans le cas de vrais jumeaux, qui partagent exactement le même patrimoine génétique, l'on a constaté que le facteur environnemental a une grande influence sur le déclenchement, ou non, d’une maladie auto-immune. Doit-on penser que les femmes sont davantage exposées à des facteurs environnementaux ?



Conclusion

Les différentes études menées, jusqu'à présent, tentent d'expliquer le sexisme des maladies auto-immunes. " L'identification d'un mécanisme distinct pourrait constituer un énorme progrès dans la recherche auto-immune axée sur le genre" (Johann Gudjonsson, un des auteurs de l'étude invoquant la piste génétique).


Auteures : Sandrine AIMEDIEU, Marjolaine BRATHIER ; 15 avril 2019


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