La première greffe mondiale de la trachée, réussie, est française
- Emma DA MOTA GAMEIRO, Nordine DRADRI
- 23 févr. 2018
- 2 min de lecture
Crédit images : 1 (Reuters) ; 2 (JAMA)
C’est chez nous, en France, que l’on a vu la première greffe mondiale de la trachée, réussie.
Et c'est au professeur Emmannuel Martinod et à son équipe, que revient ce mérite.
Les résultats d'un long labeur (20 ans de recherche) sont publiés dans la réputée revue médicale internationale, le Journal of the American Medical Association, JAMA.
Au bout de 10 ans de travail nécessaire à la mise au point de leur technique de transplantation, Martinod et son équipe se lancent dans la pratique des opérations sur des patients (13 patients âgés de 24 à 79 ans). Parmi ces patients, certains se trouvaient en impasse thérapeutique, souffrant, notamment, de lésions évoluées de la trachée. D'autres furent opérés afin d’éviter l'ablation totale de la trachée (opération avec un taux de mortalité élevé). Sur les 13 patients, on note seulement un décès avant les 90 jours suivants la greffe et 2 durant les 3 ans et 11 mois suivants leur opération. Malgré ces décès, et un recul de seulement 7 ans par rapport à la première opération, l'intervention chirurgicale de Martinod reste « une innovation avec des résultats favorables ».
L'intervention chirurgicale de Martinod consiste à greffer la partie de trachée touchée, chez les patients malades, en se servant d'un bout d'aorte abdominale provenant d'un donneur décédé.
Trois grandes étapes caractérisent cette intervention : (1) le décryptage, qui consiste à retirer la partie touchée, (2) la pause du greffon (l'aorte du donneur décédé) et de son stent (dispositif métallique qui assure la rigidité du greffon) et (3) le retrait de ce dernier.
L'organisme du patient malade travaille main en main avec le professeur Martinod, en transformant le greffon dans de la trachée ! «C’est l’opération du Pr Martinod, mais maintenant c’est ma trachée», témoigne justement l’un des patients, opéré il y a sept ans et qui souffrait d’un rétrécissement sévère de la trachée : «J’avais 33 ans et je ne pouvais plus faire d’efforts ou parler normalement, car j’avais une trachéotomie (gorge percée d’un tuyau permettant de respirer, NDLR)», raconte-t-il. Et aujourd’hui? «Je fais du sport et j’ai juste la cicatrice sur le cou.»
La durée de la transformation greffon-trachée varie d'un patient à l'autre. Précisons qu'après régénération des anneaux cartilagineux de la trachée, le stent est retiré. Le greffon aortique n’induit que très peu de réactions immunologiques. Cela évite aux patients de suivre un traitement anti rejet.
L'intervention chirurgicale de Martinod représente, selon l'AP-HAP, une "avancée majeure dans le domaine de la greffe d'organes artificiels" et permettra "de mieux comprendre les mécanismes impliqués et de proposer ce type de traitement à de plus en plus de malades."
Auteurs : Emma DA MOTA GAMEIRO, Nordine DRADRI ; 23 décembre, 2018