La saga des CLA s'écrit à petits pas

Ruminants sources de CLA (d'acide ruménique et vaccénique) ; © depositphotos.com

Ici suit, le résumé enrichi d’un article scientifique intitulé « Le CLA, un acide gras prometteur ».

L'enrichissement (1re partie)

Il me semble de rigueur de vous rappeler la définition d’un acide gras.

Un acide gras représente une sous-catégorie de lipides. Non hydrolysables, ce sont des acides carboxyliques linéaires, le plus souvent à un nombre paire de carbone (de 4 à 36), saturés ou non. C’est la forme de stockage d’énergie favorisée de l’organisme. Certains acides gras ne comportent aucune double liaison. L'on dit qu'ils sont saturés. Certains d'autres comportent une ou plusieurs doubles liaisons. L'on dit qu'ils sont insaturés. La majorité des acides gras insaturés naturels ont toutes les insaturations en configuration "cis". Peu nombreux sont ceux qui possèdent des insaturations en cis" et en "trans".

Insaturation "trans" sur la gauche ; insaturation "cis" sur la droite ; © : chemguide.co.uk

L’acide ruménique et l’acide vaccénique font partie de cette catégorie. Ils sont obtenus par réactions de biohydrogenation et de désaturation ruminales, sous l'action des bactéries appartenant aux familles fibrisolvens de Butyrivibrio et elsdenii de Megasphaera, et catalysés par des enzymes de type isomérase.

De haut en bas, les acides : linoléique (insaturations uniquement en "cis"), ruménique (insaturations en "cis" et en "trans") et vaccénique (insaturations en "cis et en "trans") ; source de l'image : savoir laitier

Aux gras insaturés naturels "cis", "trans" s'ajoutent les gras insaturés "trans", non-naturels. Les non-naturels peuvent avoir une origine technologique (margarines et shortenings). Ils peuvent, aussi, provenir de la cuisson à des hautes températures. Omniprésents dans les aliments transformés, ils sont tous nocifs pour la santé. Mais qu'on-est-il des gras insaturés naturels "cis", trans" ? Pour répondre, venons à l'article.

Venons à l'article

Le clan des CLA

Chez les humains, les acides ruménique et vaccénique sont apportés par l'alimentation (viande, lait et dérivés du lait provenant des ruminants (chèvres, brebis, vaches)). Des produits de synthèse, comportant en tout 18 atomes de carbone et ayant des insaturations en "trans", peuvent être obtenus par l'isomérisation alcaline de l’acide linoléique (cis-9, cis-12) ou des huiles riches en cet acide. Les plus utilisés consistent, pour la plupart, dans un mélange à peu près équimolaire d'acide ruménique et d'un acide gras 10-trans,12-cis. Ruménique, vaccénique ou de synthèse, ces acides sont tous des CLA, Conjugated Linoleic Acid. Le terme désigne une famille d'acides gras contenant, chacun, 18 atomes de carbones et 2 insaturations, tout comme l’acide linoléique, mais qui ont la particularité d’être conjugués, car non-séparées par un groupement CH2 (revoir l'image précédente et celle qui suit) :

Types d'insaturations ; source de l'image : savoir laitier

Leurs effets

En 1985 M. Michael Pariza et son équipe de l'Université de Wisconsin isolent, un composé antimutagénique, à partir d'un extrait cuit de boeuf haché. Ultérieurement, le composé est recensé en tant qu'acide linoléique conjugué. La découverte de Pariza constitua le point de départ des recherches sur le potentiel thérapeutique des CLA, quant :

• à la cancérogénèse ;

• à la composition corporelle ;

• aux risques cardiovasculaires ;

• au diabète.

Tel que précisé dans l'article ici résumé, les études menées présentent l'inconvénient d'être majoritairement réalisées sur des modèles animaux ou cellulaires. (Seule une dizaine de publications concernent des études menées sur l'homme.) A rajouter que, dans tous les cas, seuls des CLA synthétiques ont été utilisés. A préciser, aussi, que les résultats consignés n'arrivent pas à un consensus, notamment en ce qui concerne le risque cardiovasculaire et le diabète (des contradictions ont été trouvées, selon le modèle utilisé). Quant aux études menées sur l’homme, elles sont centrées sur la composition corporelle. La toxicité des CLA est pointée du doigt, car négligée par la majorité des études. Bien que les études sur les animaux et l’homme ne semblent pas mettre en exergue d’effets indésirables, le doute subsiste quant à l’innocuité de ces composés. (L'apparition, dans certains cas, d’un diabète lipodystrophique, en relation avec une supplémentation en CLA, est signalée, en ce sens.)

La conclusion de l'auteur

L’auteur rappelle l’importance des effets bénéfiques des CLA, démontrés chez l’animale, et souligne la nécessité d’approfondir les recherches sur leur mécanisme d'action chez l’homme.

L'enrichissement (2e partie)

L’article datant de 2002, je me suis lancée dans la lecture des publications plus récentes, ayant pour auteurs : Jean-Charles Martin (2007), Jean-Michel Lecerf (2008), Janice Wong et al (2015), M. Tomislav Meštrović (2017) ou encore Stéphanie Lorenz. D'autres publications récentes sur le sujet, peuvent être consultées sur le web. Que-est-ce que j'ai pu en retenir ? Les recherches s'empilent. Des preuves supplémentaires et complémentaires (ex. : effets immunomodulateurs, croissance osseuse) ont été apportées par les scientifiques, quant aux promesses des CLA, toute variante confondue. Lorsque l'on se penche spécifiquement sur l'acide ruménique, on en déduit que toutes ces publications se rejoignent sur leur conclusion :

• le nombre d’études, ayant examiné spécifiquement le retentissement bénéfique de l'acide ruménique sur des maladies chroniques dégénératives, reste encore insuffisant pour pouvoir dégager un consensus ;

• les modèles expérimentaux semblent, toutefois, indiquer que l’acide ruménique possède une activité anti-cancérogène et immunomodulatrice ;

• l’absence d’un effet net dans ce domaine, dans les études d’observations humaines, pourrait être liée à des niveaux de consommation insuffisants.

La saga des CLA s'écrit ... à petits pas.

#Thérapeutique